Ecrans et petite enfance, comment gérer l'exposition aux écrans

Comment gérer l’exposition aux écrans pour les 0-6 ans ? Guide pratique

C’est un fait. Nous sommes constamment et quotidiennement au contact d’écrans : TV, smartphone, tablette tactile, ordinateur… quels que soient la taille et le format, ils font partie intégrante de nos vies. Pourtant, l’exposition aux écrans interroge bon nombre de spécialistes, d’éducateurs et de parents : écrans et petite enfance, quels sont les dangers pour l’enfant et son développement ? Quel temps d’écran proposer ? Quelles sont les alternatives 

Écrans et petite enfance : quand le développement du tout-petit est impacté

Le jeune enfant, et particulièrement entre 0 et 3 ans, vit une phase d’apprentissage intense : il est dans la pleine exploration de son environnement physique et n’hésite pas à tenter de nouvelles aventures. L’ensemble des interactions, des découvertes et des stimuli lui permettent de grandir et d’affiner, au fil des mois et des années, ses aptitudes et ses compétences sociales, émotionnelles, cognitives et langagières… il s’ancre ainsi, pas à pas, dans ce monde réel dont il fait partie.

« Le cerveau de votre bébé est en perpétuel développement. Il vit peu de périodes d’éveil [entre 0 et 3 ans] et ces temps doivent être consacrés à l’exploration. »

Dr François Marie Caron pour le site spécialiste de l’enfance Mpedia

Ainsi, durant cette période de vie, le tout-petit doit être le plus possible en contact avec l’autre, dans l’échange et l’interaction. Cela l’aide notamment à construire ses repères dans le temps et dans l’espace. 

Or, les écrans représentent un frein majeur à la réalisation de ces besoins essentiels ! Seul et passif devant un écran, l’enfant n’est plus dans le mouvement, dans le FAIRE. Il est comme hypnotisé et absorbe tout un tas d’images et d’informations (plus ou moins adaptées à son jeune âge). Il ne sait pas comment les traiter ni les comprendre. 

Résultat, une exposition aux écrans trop importante — surexposition — durant la petite enfance est susceptible d’occasionner certains troubles à plus ou moins long terme comme :

  • un comportement anxieux ;
  • un sommeil perturbé ;
  • une vision altérée ;
  • une capacité de concentration amoindrie ;
  • des difficultés à aller vers les autres ;
  • un manque de créativité ;
  • des troubles de l’alimentation…

Afin de respecter au mieux le développement de l’enfant, le Dr Serge Tisseron — psychiatre et psychanalyste  — a proposé en 2008 la règle du 3.6.9.12. 

Elle offre des repères simples et clairs sur l’usage des écrans durant l’enfance et souligne l’importance du « zéro écran » avant 3 ans. 

infographie proposée par le Dr Serge Tisseron sur son site https://sergetisseron.com/

La remarque culottée :
Votre bout de chou se montre agressif, énervé, agité après 30 minutes passées devant la TV ? Eh oui ! Un flux d’informations, souvent complexes, lui a été proposé sur l’écran. Il essaie simplement de se « décharger » de tout cela. 

Des pistes à suivre pour réussir à gérer la consommation d’écran chez les tout-petits

Voici quelques pistes à suivre pour que l’écran ne soit pas considéré comme un problème, mais plus comme un divertissement occasionnel et raisonné. Encore une fois, le bon sens et le dialogue sont au cœur d’une bonne pratique. 

1. Choisir des programmes adaptés pour les enfants

Prenez soin de choisir des programmes qui conviennent aux tout-petits. Par exemple, ça peut être un court documentaire sur les animaux spécialement pensé pour les jeunes spectateurs.

L’idée culottée : 
Une fois l’émission terminée, proposez-lui de dessiner ce qu’il en retient ou son passage préféré.

Une attention particulière doit être portée sur les journaux télévisés qui peuvent diffuser des images choquantes pour les enfants (même celles qui nous semblent anodines). Les images sont parfois dures et particulièrement impactantes. Cette information reste incompréhensible pour le tout-petit et cela peut notamment engendrer un état de stress qui se manifestera notamment à travers son comportement ou encore un sommeil agité.. 

Danser sur la musique, quelle bonne idée ! Mais on évitera les clips musicaux, qui ne sont pas toujours adaptés pour les plus jeunes. Privilégiez les chants ou les comptines disponibles sur CD ou sur les plateformes numériques dédiées. 

La remarque culottée :
Au cours de la journée, adaptez le temps d’écran selon l’âge de l’enfant. Retenez ceci : pas plus de 20 minutes par jour avant 6 ans ! Oui, 20 minutes ! 

2. Etre présent au côté de l’enfant

Écrans et petite enfance ne sont pas forcément incompatibles. Il s’agit encore une fois de les utiliser à bon escient et avec parcimonie, sur des temps relativement courts. 

Dans tous les cas, et quel que soit le support utilisé (tablette tactile, télévision…), il est fortement conseillé de rester au côté du tout petit. Posez-lui des questions sur ce qu’il voit, sur ce qu’il comprend ou non. De la sorte, l’enfant ne reste pas isolé, coupé de son environnement : 

  • Que vois-tu ? 
  • Où est passé tel personnage ? 
  • Où se cache tel animal ? 
  • Quel objet faut-il choisir ? 
  • Tu aimes ce dessin animé ? 
  • C’est ce personnage que tu préfères ? Etc. 

D’ailleurs, l’Académie des sciences souligne que « Livré seul aux écrans, [l’enfant] dérivera dans la solitude, tandis qu’accompagné il en fera des usages nouveaux que la génération de ses parents n’imagine pas. »1 

3. Instaurer des temps zéro écran

Il est l’heure de manger ? Alors, hop, on coupe la TV et les téléphones ! Et l’on passe un moment de qualité en famille. Ce moment se veut convivial et propice aux discussions. Même bébé qui ne parle pas encore se nourrit de toutes ces interactions et des questions qu’on peut lui poser pendant le repas. L’enfant doit pouvoir être véritablement présent, se rendre compte de ce qu’il est en train de manger ; ses sens sont en éveil, il affine son goût, son odorat, etc. Bref, beaucoup de mécanismes et de compétences se développent le temps d’un repas ! C’est pourquoi, nous vous invitons à vivre ces instants à 100 %… et pas devant un écran ! 

Enfin, haro sur les écrans le matin ! De cette manière, vous permettez à l’enfant de conserver toute son énergie et son attention pour la crèche ou l’école. 

Votre petit trésor sera bientôt dans les bras de Morphée ? Là encore, on lui propose une alternative (histoire du soir, exercice de relaxation, respiration douce…) pour qu’il puisse s’endormir serein et apaisé.

4. Préférer les activités participatives

Comme le souligne le professeur Serge Tisseron, avant 3 ans, l’enfant développe sa motricité, sa coordination. Il doit donc être dans l’action ! 

Aussi, il est conseillé de : 

  • favoriser les jeux d’éveil simples et réels (cubes, encastrement, formes…)
  • encourager le dialogue et le lien social : aller à la médiathèque pour choisir des livres ensemble, assister à des lectures de contes, se promener au parc pour jouer avec d’autres enfants, observer la nature, etc. 
  • renforcer le lien parent-enfant à travers des ateliers en duo par exemple (artistiques, culturels, manuels, musicaux..)
  • proposer un atelier peinture ou pâte à modeler à son enfant, pour qu’il donne vie à ses idées et exprime sa créativité 😉
  • écouter une boîte à histoires : il en existe plusieurs sur le marché actuellement, comme la Lunii (avec laquelle il « construit » en partie son récit).
  • Etc. 

Vous l’aurez compris, les écrans ne sont pas à bannir de nos vies ni de celles des enfants. De nos jours, cela serait vain, tant ils sont présents autour de nous. De plus, ces derniers peuvent représenter des outils pédagogiques complémentaires. Toutefois, le bon sens et la modération doivent être au rendez-vous. Quelques minutes devant T’choupi le mercredi après-midi ne seront pas néfastes. Mais attention au temps d’exposition, aux moments de visionnage et à la fréquence, en particulier avant 6 ans.

sources :
1 https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis0113.pdf 
https://www.mpedia.fr/art-television/https://www.3-6-9-12.org/les-balises-3-6-9-12/