Pourquoi bébé ne veut pas prêter ses jouets

Pourquoi bébé ne veut pas prêter ses jouets (et pourquoi c’est normal) ?

Voir votre tout-petit refuser de prêter ses jouets peut vite vous déstabiliser. C’est vrai que c’est souvent perçu comme un caprice, voire un manque de politesse… mais rassurez-vous, ce comportement est parfaitement normal à son âge. Avant 3 ans, les enfants ne sont tout simplement pas encore capables de comprendre ce que c’est de “prêter”. Pour eux, leurs jouets sont bien plus que des objets : ce sont des repères affectifs, des morceaux d’eux-mêmes qui les aident à se construire. Alors plutôt que de le forcer à partager — ce qui peut être contre-productif —, il vaut mieux comprendre ce qui se joue derrière ce “non” si déterminé. Découvrons pourquoi ce comportement est une étape clé de son développement.

Comprendre le refus de partager avant 3 ans

Votre enfant refuse de prêter ses jouets ? Rassurez-vous, cette situation est non seulement fréquente, mais aussi parfaitement normale. Entre 0 et 3 ans, les tout-petits traversent une phase essentielle de leur développement, marquée par l’égocentrisme naturel et l’affirmation de soi.

Ils ne sont pas « capricieux » ou « mal élevés » : leur cerveau est tout simplement en pleine construction. Ils découvrent leur environnement, leur identité et leur rapport aux autres. Et dans cette aventure intérieure, leurs jouets deviennent des extensions d’eux-mêmes, des repères affectifs qu’ils ont besoin de contrôler pour se sentir en sécurité.


Info culottée :

Le refus de prêter n’est pas le seul comportement déroutant à cet âge. Un autre comportement fréquent chez les tout-petits : votre enfant mord ou tape. Pas d’inquiétude, là aussi, des réponses bienveillantes existent pour vous guider. Découvrez notre article sur le sujet.


“C’est à moi !” : quand son jouet devient un bout de lui

Vers 18 mois, un enfant commence à dire “moi” et “mien” avec une nouvelle intensité. Cette revendication exprime une étape décisive dans la construction de son identité. En affirmant la possession, l’enfant affirme aussi son existence : “ce jouet est à moi” signifie en fait “moi, j’existe”.

Un doudou, une peluche ou une petite voiture ne sont pas que des objets : ce sont des repères émotionnels, souvent rassurants, parfois irremplaçables. C’est pourquoi il est si difficile pour votre tout-petit de les prêter, même quelques minutes.

Pourquoi “prêter” est un concept flou pour un tout-petit

Le cerveau de votre bébé n’est pas encore câblé pour comprendre la notion de prêt. L’idée que l’objet reviendra plus tard demande une maîtrise du temps, de l’attente, de la confiance… autant de notions encore très abstraites pour lui.

Ajoutez à cela la peur que le jouet ne revienne pas ou revienne abîmé : pour un tout-petit, prêter peut équivaloir à perdre. Pas étonnant qu’il s’y oppose vigoureusement !

Forcer à partager : une fausse bonne idée

On le fait généralement par réflexe, pour éviter une crise ou “parce que ça ne se fait pas”. Mais forcer un enfant à prêter, c’est comme le contraindre à sourire : on obtient une imitation, jamais un geste sincère.

En imposant le partage, on risque de renforcer la possessivité. L’enfant apprend que ses besoins ne sont pas entendus, que ses objets peuvent lui être enlevés sans son accord. À long terme, cela peut créer méfiance, jalousie… voire repli sur soi.


Info culottée 

Le partage n’est pas une compétence innée. Elle ne figure même pas dans les critères de développement de la petite enfance avant 3 ans ! Ce qui signifie que forcer un tout-petit à partager, c’est lui demander un effort qu’il n’est pas encore capable de fournir. 


Le tour de rôle : une pédagogie plus adaptée

Et si, au lieu de parler de “partage”, on parlait de “tour” ? Cette approche concrète, observable, permet à votre enfant de mieux comprendre ce qu’on attend de lui.

Utiliser un minuteur ou un sablier visuel peut l’aider à patienter, à anticiper son tour, à se sentir rassuré. C’est aussi l’occasion de lui apprendre la frustration positive : celle qui forge la patience et le respect des autres.

Le développement du partage : étape par étape

Voici comment évolue la capacité de partage chez un enfant de 0 à 3 ans :

De 0 à 1 an : le jeu solitaire domine

À ce stade, votre bébé explore le monde principalement par lui-même. Il peut parfois tendre un objet si vous le lui demandez, mais ce geste est davantage un réflexe d’imitation qu’un véritable acte de partage. Il ne saisit pas encore que l’objet peut être “à lui” ou “à quelqu’un d’autre”.

De 1 à 2 ans : “C’est à moi !” devient le refrain du quotidien

Votre tout-petit entre dans la phase du “mien”. Il affirme son identité à travers ses objets, qui deviennent comme des prolongements de lui-même. C’est aussi l’âge où il commence à jouer à côté des autres enfants sans véritable interaction : c’est ce qu’on appelle le “jeu parallèle”. Il observe, il imite… mais il garde ses trésors bien serrés dans ses bras.

De 2 à 3 ans : premiers échanges sous conditions

Votre enfant devient progressivement plus réceptif à l’idée d’échange, surtout si on lui propose un autre jouet en retour. Il ne “partage” pas encore de manière désintéressée, mais il commence à comprendre qu’un autre enfant peut lui aussi avoir envie de jouer. C’est également le moment où les premières notions d’empathie apparaissent : il peut percevoir que l’autre est triste ou frustré, même s’il ne sait pas encore bien réagir face à cette émotion.

À partir de 3 ans : le concept de partage commence à émerger

Votre enfant comprend mieux ce que signifie “prêter” : il réalise que l’objet qu’il donne reviendra plus tard. Il commence à maîtriser ses émotions sociales, à attendre son tour, et à tolérer la frustration. Bien sûr, ce n’est pas encore automatique ! Mais les bases sont là, prêtes à s’épanouir… à condition de ne pas forcer les choses.

Ce que votre tout-petit apprend vraiment

Quand on respecte son rythme, l’enfant apprend bien plus que le partage. Il développe :

Autant de compétences fondamentales pour devenir un grand… et un grand frère ou une grande sœur généreux(euse), empathique et sûr(e) de soi !

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