Comment favoriser la motricité du tout-petit ?

Dès la naissance et jusqu’à ses 3 ans environ, bébé travaille et affine ses capacités motrices. De la position dorsale à la marche, il lui faudra plusieurs mois d’entraînement intense pour atteindre, pas à pas, son objectif ! Il n’est pas toujours facile, en tant que parent, de savoir comment encourager et favoriser la motricité de bébé. En effet, comment respecter son rythme et ne pas mettre la charrue avant les bœufs ? Quelle posture adopter pour permettre à bébé de développer sa motricité globale et sa motricité fine ? Suivez le guide.

Comprendre les différentes étapes du développement moteur du jeune enfant

Le saviez-vous ? La motricité définit l’ensemble des fonctions biologiques qui assurent le mouvement, volontaire ou automatique du corps, chez l’être humain et l’animal. ¹

Tourner la tête, suivre du regard, tendre la main, saisir un objet, dévisser un couvercle, se tenir en équilibre sur ses jambes, sauter à pieds joints… tout cela relève de la motricité. 

Pendant la grossesse et à la naissance, l’enfant est déjà en mouvement. Il effectue ce que l’on appelle des gestes réflexes archaïques, comme le réflexe de préhension ou grasping. 

Par ailleurs, on distingue la motricité globale de l’enfant de la motricité fine, qui, elle, est liée aux mouvements sollicitant des muscles plus petits comme ceux des mains et des doigts. Le travail de la pince (saisir un objet entre l’index et le pouce) est un parfait exemple de motricité fine. 

Au fil des mois, bébé sera amené à développer sa motricité et à réaliser des gestes volontaires, de plus en plus contrôlés, coordonnés et précis. Voici quelques repères concernant les grandes étapes clés de ce processus : 

• Vers 2 mois, bébé est capable de tourner la tête pour regarder un objet qui suscite son attention. 
• Vers 3-4 mois, il n’hésitera pas à soulever sa tête quand il est positionné sur le ventre pour observer son environnement. Un sacré effort physique pour son petit corps, car son tonus musculaire n’est pas encore optimal ! 
• Vers 5-6 mois, bébé découvre qu’il peut passer d’une position dorsale à une position ventrale, et vice versa ! Chouette, c’est parti pour les roulades… En plus de cela, il arrive à attraper un objet volontairement, et non plus par réflexe. Quelle prouesse ! 
• Vers 7-8 mois, grande nouveauté pour bébé dans son développement moteur : il commence à se tenir assis par lui-même, sans aide. Depuis cette position, il se met alors à ramper ou à avancer à 4 pattes. L’exploration démarre pour notre culotté intrépide.
• Vers 9 mois, il tente de se tenir debout en s’aidant d’un support ou du mobilier présent. Il peut faire un ou deux pas, mais ne marche pas encore seul.
• Vers 12 mois, il arrive à coordonner ses deux mains.
• Entre 10 et 18 mois, la marche est acquise et bébé devient de plus en plus habile dans sa gestuelle. 

La remarque culottée :
Les âges précisés ci-dessus sont des valeurs indicatives. Chaque enfant est unique et « avance » à son rythme. Toutefois, si vous avez un doute sur le développement moteur de votre bout de chou, pensez à en parler avec votre pédiatre ou médecin de famille.

Proposer des activités pour soutenir le développement psychomoteur du tout-petit

Durant les trois premières années de sa vie, bébé va ainsi découvrir son corps et développer, entre autres, ses capacités psychomotrices. Afin de l’accompagner au mieux à chaque étape clé, il est essentiel de lui offrir un environnement adapté (et sans danger).

➡️ À lire aussi, notre article pour sécuriser l’espace de vie de bébé.

Pour soutenir son bébé tout au long de ce processus, nul besoin de beaucoup de matériel ou de jouets, les objets du quotidien pouvant représenter à eux seuls un formidable panel d’activités ! L’objectif : lui permettre de gagner en autonomie et de grandir à son rythme, en répondant à ses besoins sans les anticiper. 

Participez à l’élan de votre enfant et nourrissez sa soif d’aventure ! Voici quelques idées d’activités ou de jeux à lui présenter en fonction de son âge, de son rythme, de ses envies (et toujours en présence et sous la surveillance de l’adulte) : 

• Disposer deux ou trois jouets près de l’enfant, sur un tapis d’éveil, par exemple, pour lui donner envie de les attraper. 
• Pousser un chariot de marche.
• Réaliser des tours avec de grosses briques de construction.
• Se servir d’une passoire pour travailler la motricité fine en faisant passer des fils épais dans les trous.
• S’amuser avec un panneau de manipulation (busy board) inspiré de la méthode Montessori (loquets, serrures…).
• Encastrer des éléments.
• Utiliser une pince large pour attraper de petits objets et les déposer dans un bol.
• Empiler des cubes, manipuler des balles de préhension.
• Vers 18 mois, invitez votre tout petit à malaxer de la pâte à modeler et créer de drôles de formes !
• Pour encore plus d’idées d’activités, consultez notre article sur les jeux d’éveil pour les 0-1 an. 

Encourager la motricité de bébé sans l’entraver

[…] « Il importe de ne pas le contrarier en faisant intrusion, en exposant par exemple le bébé à des postures qu’il n’a pas encore découvertes et qu’il n’est pas encore prêt à adopter, lui enlevant la joie de découvrir par lui-même et la confiance en ses propres capacités » […]

Emmi Pickler

La motricité libre : vive le mouvement naturel et spontané

Emmi Pickler est à l’origine du concept de motricité libre ou motricité autonome. Elle encourage l’élan naturel de l’enfant à réaliser chaque étape de son développement psychomoteur et à mettre en place ses propres stratégies. 

Aussi, la motricité libre invite l’adulte à adopter une posture d’accompagnant et de soutien auprès de l’enfant. Faire à la place du tout-petit ne lui permet pas, en effet, d’intégrer le mouvement ou la posture en question. Bien entendu, qui dit motricité libre ne signifie pas baisse de vigilance et cadre non sécurisé ! L’adulte est présent aux côtés de l’enfant et observe son comportement, tout en lui garantissant protection et réconfort.

Il est vrai qu’il est parfois tentant d’installer bébé assis, adossé à un coussin, avant qu’il ne sache le faire. Or, ce n’est pas du tout recommandé : il se retrouve en effet dans une position qu’il n’a pas choisi, qui peut lui être particulièrement inconfortable et qu’il ne sait pas reproduire de lui-même. De plus, il n’a pas la possibilité de se mouvoir à sa guise. Il se sent bloqué et frustré. Quand il prendra l’initiative de s’asseoir, c’est qu’il sera prêt !  

La remarque culottée : 
Bébé ne marche pas encore ? Alors, n’investissez pas dans les chaussures ! Pieds nus, bébé est plus à l’aise sur ses appuis et travaille davantage sa coordination et son équilibre. Alors, hop, les petits petons à l’air libre ! 

Les activités à écarter pour soutenir la motricité de l’enfant

Certains jouets ne sont absolument pas recommandés tels que le youpala ou le trotteur. Ils freinent le développement moteur naturel de l’enfant vers la marche autonome. Ils ne lui permettent pas d’être acteur dans son mouvement et peuvent même être dangereux (risques de chutes). 

Enfin, il est recommandé de proscrire l’usage des écrans avant 3 ans : bébé doit être dans l’interaction réelle avec son environnement. De cette manière, il est libre d’expérimenter, découvrir, tester, communiquer… Une exposition précoce aux écrans et une surexposition peuvent avoir des effets délétères sur le développement psychomoteur, sensoriel et cognitif de l’enfant.

➡️ Plus d’infos sur l’exposition aux écrans chez les tout-petits dans notre article dédié.

Vous l’aurez compris, la motricité de bébé doit être accompagnée et non anticipée. Le nouveau-né a déjà en lui toutes les clés pour acquérir les compétences nécessaires. Il s’agit pour l’adulte de l’observer et de lui proposer des activités adaptées pour encourager son développement, sans surstimuler, et lui donner envie de progresser, à son rythme. 

Sources : 

1 Dictionnaire le Larousse et Le Petit Larousse illustré 2021
https://www.cairn.info/revue-spirale-2012-3-page-83.htm
https://www.mpedia.fr/art-developpement-psychomoteur-6-9-mois/?sr=841
https://www.pikler.fr/emmi-pikler/la-motricite-libre-selon-emmi-pikler/
https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/bebe/le-developpement-de-l-enfant/etapes-du-developpement